Diadji Diawara

“je le dis avec fierté, je suis une petite fille qui vient de l’Afrique, au Mali et je sais fabriquer des robots grâce à Robots Mali, aujourd’hui je suis capitaine de l’équipe robotique de mon lycée aux États-Unis”Diadji Diawara.

Pour commencer, Je me nomme Diadji Diawara. J’ai 16ans, je suis élève terminaliste en échange à Cleveland High School dans l’État de l’Ohio. Pour cette raison je vis actuellement aux États-Unis dans une famille d’accueil.

Ici en Amérique, on ne parle pas forcément de filière d’études au lycée. Cependant mes études sont plus orientées vers des matières scientifiques telles que l’ingénierie, la biologie, les physiques et les mathématiques en plus desquels je suis des modules supplémentaires obligatoires pour l’obtention de mon diplôme.

Nous savons que « fille scientifique » n’est pas l’image conventionnelle des jeunes filles au Mali. Alors Pourquoi les sciences ?

Parce que dans la vie, j’ai envie de réaliser de grandes choses. J’aimerais être l’une de ces femmes exemplaires que l’on regarde avec admiration en se disant « un jour, je serai comme elle ». J’ai envie de montrer au monde que les filles ont du potentiel, j’aimerais pouvoir marquer mon existence à travers la science. Que l’on m’admire pour ce que j’aurais fait. J’ai envie d’être une grande scientifique et de faire de grandes réalisations

Quelle est l’origine de cette passion que tu voues à cette filière ?

Plus petite je n’aimais pas les sciences et ne faisais pas forcément d’effort pour m’améliorer. A un certain moment, un de mes professeurs m’a sensibilisé, il m’a montré tout ce que je pourrais faire avec seulement de la détermination. Et dès lors J’ai commencé à voir les choses autrement. Après tout, je pourrais devenir la 1ère femme présidente au Mali, rien n’est vraiment impossible quand on le souhaite réellement. Puis après il y a eu ma mère. Bien qu’elle ne soit pas scientifique, elle a beaucoup tenue à ce que je continue dans cette direction, elle m’a montré tout ce qu’une fille scientifique pouvait réaliser et m’a rendu admirative.

Au-delà de toute cette influence, au fil du temps j’ai commencé à développer une attitude féministe vis-à-vis des choses. Le fait de savoir les hommes majoritaires dans certaines professions telles que la médecine, ou d’entendre des autres que parce que l’on est une fille certaines choses ne nous sont pas destinées réveillait en moi un sentiment que je voulais faire taire. Où est-il écrit que les filles doivent s’asseoir, se taire et sourire ? marcher et non courir, rire doucement, sourire et se faire belle

On peut dire que malgré ton âge, tu as réussi au jour d’aujourd’hui à te distinguer dans ce que tu fais. Qu’est ce qui t’a donné l’opportunité d’évoluer ainsi et d’être là où tu es ?

A partir de cette période « d’éveil de conscience » si on peut dire, j’ai commencé à faire des activités scientifiques. D’abord avec l’Unicef, où je me suis toujours bien sortie. Puis il y a eu la robotique. J’ai toujours voulu faire de mon mieux. Je me disais, OK t’es une fille certes, mais c’est le moment de montrer qu’une fille ça peut faire autant, voir même plus qu’un garçon. Je me suis donnée à fond quoi que je fasse, je le faisais de manière à me distinguer et à me montrer aussi forte que les garçons.

De manière concrète j’ai d’abord participé à des compétitions, puis j’ai rejoint le camp Oxy Jeune initié par l’Unicef où je me suis démarquée à travers la passion que je mettais dans ces activités. J’aimais vraiment ce que j’y faisais. Après j’ai eu à rejoindre le parlement d’enfant. Puis il y a eu Robots Mali. Mon aventure dans ce centre et au sein de l’équipe de robotique a vraiment changé ma vie.

Peux-tu nous en dire plus ?

J’ai commencé la robotique à l’âge de 13 ans. En raison de mes bonnes notes, je me suis faite remarquée par l’équipe de Robots Mali tandis que j’ai été retenue suite à ma candidature pour l’équipe nationale en 2017

A mon arrivée à Robots Mali, je ne connaissais encore rien de la robotique. J’ai suivi tout comme les années qui ont succéder une formation théorique et pratique. Nous avons fait de la programmation, nous avons monté et démonté des robots et plein d’autres choses.

Lors de notre première participation à la compétition de Dakar nous avons été récompensée pour notre performance.

  • L’année d’après, nous nous sommes entraînés pendant 6 mois , et avons remporté la médaille d’or à Dakar lors de la compétition panafricain de robotique PARC 2018 ;
  • Puis, il y a eu l’Estonie. Même si je n’ai pas pu m’y rendre, j’ai travaillé avec l’équipe sur les robots de la compétition et l’équipe a été remarquable ;
  • Lors de la 4ème compétition, je n’ai pas travaillé avec les STARS ou les TECHS, mais avec l’équipe des Makers, une équipe du Lycée ceux qui font de l’architecture et la présentation de projet Et nous avons fini 2ème avec une médaille d’argent à Accra PARC 2019 ;

Quel est le moment qui t’a le plus marqué pendant tes différentes compétitions?

Le moment le plus marquant pour moi c’était quand tu te retrouvais sur la scène de la compétition et que tu te demandais si ton programme va finalement marcher ou non. Cette adrénaline qui montait, ce moment qui allait finalement être décisif pour toi, on s’imagine tout un tas de scénario dans sa petite tête qui finalement peut ne pas se produire.

Que retiens-tu de cette aventure ?

Pour formuler ça de manière simple : Avant de passer par Robots Mali, je n’étais qu’une fille parmi tant d’autre. A ma sortie du centre, j’étais une citoyenne armée de compétences et de confiance pour le restant de la vie.

La Robotique a changé ma vie. Le laps de temps où j’ai été à Robots Mali, je me suis éprise de la science telle qu’elle est vraiment, j’avais pour moi une nouvelle raison de réfléchir avant de dormir et de me réveiller chaque matin. Cette aventure a changé ma vision de la vie et m’a permis d’acquérir des compétences nouvelles dans beaucoup de domaines scientifiques et encore plus sur le plan personnel. Je suis passé d’une fille qui voyait tout de manière simplifiée à une fille qui voyait bien au delà de l’impossible. La preuve en est, il y a de cela 2 ans, je me suis tentée à effectuer un stage lors d’un des camps de Robots Mali, pour encore plus approfondir mes connaissances et acquérir une nouvelle expérience, puis je me suis lancée dans l’aventure du monde extérieur. Comme on le dit, il faut apprendre des maîtres pour pouvoir les dépasser.

J’ai donc tenté ma chance avec le YES Program. Ce qui me ramène où je suis en ce moment. Pour mon âge, je me considère assez indépendante et assez axé sur l’essentiel. Aujourd’hui, je le dis avec fierté, je suis une petite fille qui vient de l’Afrique, au Mali et je sais fabriquer des robots grâce à Robots Mali et aujourd’hui je suis capitaine aux États-Unis de l’équipe robotique de mon école. J’ai appris le travail en équipe et le management pendant tout le temps où j’étais la capitaine de l’équipe nationale du Mali. Je continue à fabriquer des robots et je ne me décourage pas.

Quels sont tes hobbies 

J’aime bien cuisiner et m’amuser avec mes amis et ma famille, j’aime beaucoup lire aussi et surtout relever les défis, les challenges

Et quel est ton livre préféré et pourquoi?

Mon livre préféré ce serait sans doute Crépuscule des Temps Anciens de Nazi Boni. La raison en est

simple. Le passage “c’est le crépuscule des temps anciens et l’aube des temps nouveaux” fut un déclic pour moi. Ça me fait penser à l’Afrique telle qu’elle est aujourd’hui. Une Afrique en transition délaissant sa culture au profil de la culture Occidentale.

La majorité des livres que je lis relate les faits du passé, l’histoire de l’Afrique, j’aime bien essayer de comprendre comment se passait les choses et la manière dont elles évoluent scientifiquement.

Comment te vois-tu dans environ 5 à 10 ans ?

Finir mon bachelor à l’université déjà. Je souhaiterais devenir ingénieure en mécatronique. Domaine qui m’a été initié par les coachs de RobotsMali. D’une autre part, j’ai l’ambition de devenir ingénieur en science de l’environnement, parce qu’en raison du degré de pollution existante, cela pourrait je pense, beaucoup m’aider à aider le monde. En même temps, si j’ai l’opportunité de faire les deux filières à la fois, alors je les ferais ensemble.

Aussi, Je me vois devenir une influenceuse de la jeunesse sur les réseaux sociaux. Un modèle de développement personnel, une figure que l’on admire et qui en la voyant on se dit j’ai envi de faire la même chose qu’elle. Je veux influencer les jeunes filles à s’orienter davantage vers les sciences.

Le Mali c’est ta patrie. Que penses-tu pouvoir lui apporter ?

J’ai envi de créer ma propre entreprise, permettant d’aider dans le domaine technologique mon pays à se développer, je sais qu’agir seule ne changera pas le Mali, mais en plus d’être une grande icône du développement, j’aimerais influencer les autres à faire comme moi afin d’agrandir davantage la portée de nos actions.

Qu’as-tu de plus à dire en ce qui concerne le développement de ton pays ?

Je pense que cela prendra certes du temps mais je sais qu’on y arrivera. Il suffit juste que les gens commencent à changer quelque chose en eux, une habitude, une mentalité, que chacun se dise j’ai envi de faire ceci, j’ai envi d’apporter cela. Il ne nous suffit que d’un peu de volonté pour réaliser de grandes choses.

Quelle est ta vision de la vie ?

Je considère que la vie est un combat. On se lève chaque jour pour se battre, se faire une place. Dans la vie nous n’avons pas tous la même chance. Pour cette raison nous devons chaque jour nous réveiller avec l’ambition de se créer sa propre chance, nous devons nous battre pour ce que nous voulons.

Penses-tu que cela soit suffisant pour changer les choses ?

Je pense que si tout le monde se lève et se bat pour ce qu’il croit juste, cela pourrait apporter le changement dont nous avons besoin, ce changement tant recherché, parce qu’il faut juste un groupe avec des convictions, pour changer les choses. Le changement ce n’est qu’une question de volonté

Un mot pour la fin?

Je remercie tous les acteurs qui ont contribués à ce que je sois là où je suis, plus particulièrement RobotsMali car grâce à eux, la science a changé ma vie. Et pour cette raison j’encourage vivement les jeunes à s’orienter davantage vers ce domaine car cela peut également changer la leur.